UN DIMANCHE AVEC… JEANINE ROZE
Au saut du lit, vous…
Je prépare mon petit-déjeuner.
Thé ou café ?
Thé vert.
Une chose que vous ne faites jamais le dimanche ?
Je dois dire honnêtement que la notion de dimanche chez moi n’existe pas, c’est un jour comme les autres. C’est plutôt le samedi que je ne préparerai pas mes affaires et ne regarderai pas mes mails pour pouvoir partir rapidement le matin.
Un rituel du dimanche ?
Si ce n’est qu’un dimanche sans concert, c’est pratiquement le même rythme que si j’en avais un : c’est plus fort que moi, je me lève à la même heure, j’ai une espèce d’hyperactivité. Alors que, quand arrive le printemps, cela s’étale sur le week-end. S’il fait beau, je file aux puces, à Saint-Ouen ou à celles de Vanves, et en général j’enchaîne sur un vrai marché. S’il ne fait pas beau, je lis toute la matinée, un livre entier, d’un bout à l’autre.
Une lecture du dimanche ?
Quand je suis réveillée très tôt, il m’arrive de lire six-sept heures d’affilée. Le dernier livre, c’était Et rien d’autre de James Salter. Et le prochain, Autour du monde de Mauvignier aux éditions de Minuit et, en même temps, une vie romancée du peintre Hokusai, que j’adore. Je suis tout de suite allée voir l’exposition, et j’ai bien l’intention d’y retourner.
Une couleur, une odeur, un son ?
Pour moi, dimanche, c’est rester à la maison. Et à la maison, je diffuse énormément d’extraits de cèdre. La couleur, c’est ma maison aussi : le blanc. Et le son, le silence.
Le jogging: est-ce un sport ou un vêtement ?
Le jogging, pour moi, c’est un sport. Par contre, la passion c’est la marche. Je marche beaucoup. Il m’est arrivé de partir marcher dans Paris six-sept heures, avec un appareil photo. Je ne photographie que des choses… marrantes, pas forcément belles. Des situations. Mon œil accroche beaucoup tout ce qui est bizarre dans la vie, et d’un seul coup – touk! – je prends une photo.
La musique du dimanche ?
Il n’y a pas de musique. Sauf éventuellement la musique brésilienne ou du jazz. Mais pas de musique classique.
La cuisine du dimanche ?
Il n’y en a pas!
Qui vous entoure le dimanche ?
Il n’y a rien de professionnel, il n’y a que les proches, ou alors je peux être totalement seule toute la journée, à vaquer sans choses précises à faire, sans rendez-vous, sans aucune pression, au gré de ce que je sens. Je peux aller aux puces, reprendre le métro et me retrouver à Saint-Michel pour aller voir un vieux film… Le soir, il m’arrive de traîner pendant deux heures à L’Ecume des pages, la librairie boulevard Saint-Germain, sans rien acheter, à feuilleter, à lire les quatrième de couverture et à repartir en me disant “Tu en as déjà douze qui t’attendent, ça suffit comme ça.”
Le cinéma du dimanche ?
Souvent, c’est le matin que je vais voir des films que j’ai ratés. Je n’ai toujours pas vu Winter sleep, qui dure 3h15. Je sais qu’il faut que j’y aille à la séance de 17h, sinon je ne tiendrai pas. Ça vient de repasser à l’Arlequin; alors, je vais peut-être y aller ce dimanche : c’est mon dernier dimanche avant que tout ne reprenne.
Le blues du dimanche soir ?
Je ne l’ai jamais eu, ni celui du lundi matin.
Un souvenir d’enfance du dimanche ?
Ce n’est pas un bon souvenir. J’ai été élevée par mes grands-parents, et le matin, mon grand-père partait travailler au Carreau du Temple pour essayer de vendre des manteaux. Il n’était absolument pas doué pour la vente, et j’étais à côté de lui, à le regarder… En revanche, j’ai des souvenirs de dimanche matin faramineux, dont un, au TNP, avec Jean Vilar, expliquant (là, j’ai 14-15 ans) comment il a conçu son rôle et la mise en scène dans Arturo Ui de Brecht. Ça, ça reste un grand, grand, grand souvenir du dimanche matin. C’est d’ailleurs sans doute de ces dimanches matins-là, du bonheur que j’avais à aller à Chaillot, que m’est venue l’idée de faire les Concerts du Dimanche Matin.
Un dimanche de rêve ?
Le silence et la lumière. Tout ce que je n’ai pas dans la semaine.
Si cette rencontre avait lieu le dimanche, où est-ce que vous m’auriez donné le rendez-vous ?
Premier étage du Flore. Il n’y a personne.