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    Calendrier

    UN DIMANCHE AVEC… le quatuor Ebène

    Une rencontre avec le Quatuor Ebène est bien plus qu’une interview : d’emblée, vous êtes entraîné dans une discussion où chacun finit les phrases de l’autre, contredit, plaisante, souffle les réponses et peste contre les retardataires. Pierre Colombet, Gabriel Le Magadure (violons) et Raphaël Merlin (violoncelle) se connaissent depuis l’âge de 19 ans, lorsque, ayant quitté Saint-Etienne, Nantes et Clermont-Ferrand, ils venaient d’entrer au Conservatoire de Boulogne pour y « démarrer un bout de carrière ».
    Cette carrière, 15 ans plus tard, les a amenés à jouer sur les plus grandes scènes du monde, dont le Carnegie Hall de New York en décembre dernier. Alors, pour les trois comparses, le départ de Mathieu Herzog (alto), annoncé cet été, est un bouleversement. Le choix de son remplaçant s’est imposé de lui-même : Adrien Boisseau, 23 ans, déjà une carrière de soliste et un aura de future star. Le concert du 25 janvier au Théâtre des Champs-Elysées sera son premier concert officiel avec le Quatuor Ebène. En attendant, les quatre musiciens se (re)découvrent dans ce « Dimanche avec… » réalisé à quatre voix.
     

    Au saut du lit, vous…

    Adrien : J’ai surtout besoin de bien dormir – pas de réveil !

    Pierre : Je me réveille tard, mon fils Théo vient dans notre lit et, en général, ça se termine en bagarre ! On finit par mettre de la musique, et ensuite on va au marché et on achète un poulet.

    Gabriel : Pour moi, le marché c’est le moment où je reprends contact avec la France (tous rient, ndlr), avec les petits commerçants qui me vendent leurs produits qui sentent si bon, qui n’ont pas de pesticides…

    Raphaël : Ah, moi, quand je vais au marché Magenta à Pantin, c’est plutôt le Portugal ou le Maroc que je retrouve, ce marché est hallucinant !  J’y amène mon fils Léonard, on se perd dans la marée humaine, c’est un peu sauvage…  j’adore !

    Un rituel du dimanche ?

    Adrien : Aller marcher, courir, voir des amis. Ou, en hiver, rester sous la couette à regarder Friends !

    Gabriel : En semaine, Paris est une ville sur les charbons ardents, avec les voitures, la pollution…  Et le dimanche, on a l’impression que c’est le jour de repos pour l’écologie ! Ça donne envie de faire une balade, une lecture au jardin du Luxembourg…  Perdre l’unité de temps. Mais c’est rarissime. Ah, et je rajoute : le ménage ! J’adore ça !

    Pierre : Moi aussi ! Merci de le dire ! Tu t’aères l’esprit, tu te concentres…  Ca remplace les gammes !

    Raphaël : C’est vrai que dimanche est un jour où on a le temps de regarder autrement.

    Gabriel : Mais c’est évident ! ! Il y a un microclimat le dimanche.

    Pierre : Se retrouver à Paris le dimanche, c’est aussi se retrouver dans des murs qui ont plusieurs siècles. On s’en rend compte quand on est né en Europe et qu’on revient des Etats-Unis. Le poids de l’histoire me manque terriblement. Dans cette ville, il y a un magnétisme, le poids d’une sagesse…

     

    Une couleur, une odeur, un son ?

    Raphaël Merlin : « C'est peut-être un peu capillotracté mais voici les photos qui me semblent évoquer au mieux ce que je conçois d'un dimanche réussi ! » © Rafaël Merlin

    Raphaël Merlin : « C’est peut-être un peu capillotracté mais voici les photos qui me semblent évoquer au mieux ce que je conçois d’un dimanche réussi ! » © Raphaël Merlin

    Adrien : Orange pour la couleur. L’odeur des feuilles dans la forêt. Et le bruit des gens qui discutent dans la rue, que j’entendais de mon lit quand j’habitais à Paris. La vie autour.

    Raphaël : Ce seraient les dimanches quand j’étais gamin. Des cantates de Bach sur France musique, dans le salon de mes parents, avec un rayon de soleil qui passe par la fenêtre, et l’odeur du thé à la bergamote qui fume dans la cuisine. Mon père est assis à la table du salon, et tapote de son stylo bille sur ses journaux qu’il est en train lire. La couleur, c’est le ciel bleu, parce qu’il fait beau le dimanche.   Mais ça, c’est dimanche matin, car dimanche soir, c’est horrible, c’est la dissertation du lendemain !

    Gabriel : Moi aussi, je pense surtout à dimanche matin tôt. Donc plutôt un jaune/or, une couleur lumineuse, éclatante à en perdre la vue. Le rire des enfants, le son du ballon et l’odeur d’herbe fraîche…  Ca a un peu le rapport avec le football, tout ça ! Je sortais jouer au foot avec des potes, on improvisait des buts avec des lampadaires…

    Pierre : Quand j’étais enfant, il se trouve que, le week-end, j’étais chez mon grand-père qui est éleveur de moutons dans le Massif Central, dans une magnifique maison que mes collègues connaissent bien. Un corps de ferme en pierre qui date de 1610, au flanc d’une montagne, près d’une forêt. Alors, le dimanche, le son, c’est celui des cloches – d’ailleurs l’église du village avait une cloche d’une beauté incroyable. L’odeur, celle du civet de ma grand-tante. La couleur…  celle du feu de cheminée, il y en avait partout dans la maison.

    Une lecture du dimanche ? 

    Adrien : Je n’ai plus beaucoup de temps à y consacrer, mais ça commence à revenir.

    Pierre : Je lis, de plus en plus. Aujourd’hui, la dernière chose qu’on fait avant de s’endormir, c’est regarder un écran. J’en suis dépendant, mais je n’en peux plus, alors je lis systématiquement le soir. En ce moment, un Rodrigo Garcia (à Gabriel : ça te plairait énormément, ça !) A chaque fois que je lis, ça m’émeut, je suis en larmes…  Je commence toujours un livre en tournée américaine. Là, c’est Confiteor de Jaomé Cabré.

    Raphaël : En ce moment, je lis Belle du Seigneur. C’est étonnant, ce machin, c’est très beau. Et je ne m’attendais pas du tout à ce que cela me fasse rire ! Dans l’avion, je riais à haute voix.

    Gabriel : Ca m’est arrivé de lire Giono aux Etats-Unis. C’est sublime, c’est la langue française dans son plus bel appareil. Mais quand on est aux Etats-Unis dans un avion et qu’on lit de telles richesses, le décalage est tel que je me suis retrouvé à pleurer dans ma chambre d’hôtel en me demandant « Mais qu’est-ce que tu fous  ? » Tu as envie de tout lâcher !

    Le jogging : est-ce un sport ou un vêtement ? 

    Adrien : J’aime bien aller courir. Il y a 6 mois, je ne vous aurais pas dit ça. Mon entrée dans le quatuor a été une rupture énorme dans ma vie, je ne m’y attendais absolument pas. Cela s’est fait en l’espace d’un mois, et c’était un roller-coaster émotionnel incroyable. En septembre dernier, nous avions prévu de faire une session photos. Alors, j’en ai profité pour faire du sport, ce que je voulais faire depuis longtemps, avec en ligne de mire la nouvelle vie qui allait commencer. Une sorte d’assainissement avant ce travail.

    Pierre : Le jogging, c’est devenu un sport il n’y a pas longtemps. Il y a eu une telle saturation dans les événements qui se passent dans le quatuor en ce moment, qu’un jour, j’étais devant mon ordinateur, et j’ai dit à ma femme : « Il faut que je fasse quelque chose, sinon je sens que je vais tout casser ! » J’ai mis mon jogging et je suis parti courir comme un dératé pendant une demi-heure. C’est une thérapie, le jogging !

    Gabriel : Moi, c’est plutôt le vélo. Je m’y suis mis à peu près au même moment que Pierre, alors que je détestais ça avant. Je l’ai essayé chez mes beaux-parents, et quand j’ai vu à quel point mon cerveau était aéré, je me suis dit « Wow ! » et je m’en suis acheté un.

    Pierre : Une répétition réussie, ça a un peu le même effet, ça libère !

    La musique du dimanche ?

    Brunch

    Gabriel Le Magadure : « Voici mon idée d’un dimanche réussi : Paris, à la maison, brunch en famille, huîtres, saucisson, du bon pain et du bon vin !!! Bref, le pays de Cocagne ! » © Gabriel Le Magadure

     

    Raphaël : Si je suis à Paris, ce sont les chansons de mon gamin…  La dernière qu’il a apprise, c’est Les crocodiles sur le bord du Nil.

    Pierre : Si je suis tout seul le dimanche, ce ne sera pas de la musique classique. Il y a eu des dimanches étudiants où j’écoutais TSF Jazz toute la journée, Michael Jackson, tout ce qui groove…  Mais en famille, ce sera Mozart, surtout les concertos. Je dis souvent à mes étudiants que le problème de Mozart, c’est qu’il passe trop souvent avec l’odeur de poulet rôti le dimanche matin !

    Gabriel : Je suis d’accord pour Mozart le dimanche matin. Avant le poulet quand même, et pas comme bruit de fond. En concert, quand l’œuvre d’ouverture est un Mozart en majeur, ça change tout ! La vie prend tout son sens. Le dimanche, ça me renvoie à la chanson française, Greco avec “« Je hais les dimanches », Barbara.. Mais si je me lève vraiment tôt et que j’ai une belle lumière le dimanche, je vais être un peu plus mystique, « Les sept dernières paroles du Christ », quelque chose de très épuré, version quatuor, bien sûr !

    Pierre : C’est vrai que la musique religieuse…

    Gabriel : … toujours dans cet esprit de nettoyage corporel…

    Raphaël : …c’est la purification de la messe !

    Si dimanche était un tableau ?

    Adrien : Les Nymphéas de Monet. J’ai une vision contemplative du dimanche.

    Gabriel : Un Miro, quelque chose très simple – des couleurs très jaunes, très bleues. C’est l’idée que je me fais d’un dimanche sans souci, presque enfantin.

    Pierre : Si on parle d’un dimanche un peu gris, pluvieux, je pense à un Pissarro que j’avais essayé de reproduire quand j’étais petit…  Et si c’est ensoleillé, plutôt les Tournesols de Van Gogh !

    Raphaël : Joker !

     

    La cuisine du dimanche ? 

    Adrien Boisseau  : « une photo prise lors d’un super brunch, cela représente bien mon idée d’un dimanche réussi » © Adrien Boisseau

    Adrien Boisseau : « une photo prise lors d’un super brunch, cela représente bien mon idée d’un dimanche réussi » © Adrien Boisseau

    Adrien : Un plat de pâtes !

    Gabriel : j’ai une épouse qui cuisine très bien, mais je ne suis pas un pantouflard, je fais plein de choses et je cuisine de plus en plus. J’adore ça.

    Pierre : je voulais parler pour Raphaël. Chez lui, il est éducateur, il s’occupe de beaucoup d’enfants qui jouent au ballon dans sa cour et ils viennent de temps en temps à la maison manger un truc…

    Raphaël : Ah, c’est une ribambelle de 4 enfants ; leur père travaille beaucoup et leur mère sort peu, alors les enfants viennent souvent chez nous. Mais ce n’est pas ça que je mange, je ne mange pas mes voisins…

    Pierre : …tu fais de la bouffe pour chats !

    Raphaël : Je suis très mauvais cuisinier !

    Le cinéma du dimanche ?

    Adrien : Je suis un grand fan de David Lynch, et des vieux films classiques avec Audrey Hepburn comme Breakfast at Tiffany’s. J’aime les films qui me sortent du réel.

    Raphaël : C’est surtout des dessins animés qu’on voit avec mon fils de quatre ans. On a vu tous les Miyazaki qui, je pense, devrait avoir le prix Nobel de la paix.

    Pierre : Ma femme préfère regarder les films à l’ordi sur le canapé, même si c’est au cinéma que je l’aie vue pleurer d’émotion !

    Gabriel : On a vu Interstellar avec Raph aux Etats-Unis…

    Raphaël : On a été soufflés !

    Gabriel : Sinon, parmi les derniers, Le Sel de la Terre sur Sebastiao Salgado, c’est hal-lu-ci-nant. Je ne comprends pas que ces trucs-là restent dans des petites salles. Mais qu’est-ce que c’est fort ! On ne peut pas le décrire. Il y a un côté phœnix : déchéance, horreur, néant et renaissance. Il y a des moments de beauté et de violence que je n’avais jamais ressentis !

    Si cette rencontre avait lieu le dimanche, où m’auriez-vous donné le rendez-vous  ? 

    Adrien : A Majorque ? Pour en profiter pour prendre le soleil  ?

    Gabriel : J’aurais cherché le centre de gravité pour nous quatre. Le Châtelet ? République ? Opéra ?

    Pierre : Si vous nous aviez dit à Munich, là, je pense que cela aurait été, pour nous tous, la brasserie Augustiner pour le deuxième petit-déjeuner bavarois. Un litre de bière, bretzels et saucisses blanches…  à 11h !

    Tous en chœur : Oh oui !

     
     

    Concert du Dimanche Matin
    25 janvier 2015

     
    Quatuor Ebène