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    Calendrier

    UN DIMANCHE AVEC… RICHARD GALLIANO

    L’étiquette d’« un grand monsieur du jazz » pourrait lui coller à la peau… si Richard Galliano n’était pas, par ailleurs, aussi jeune d’esprit, accessible et chaleureux, et si son art pouvait se résumer au jazz. Certes, c’est grâce à lui que l’accordéon fait aujourd’hui partie des ensembles de jazz. Mais Galliano a aussi remis au goût du jour l’essence même de cet instrument populaire avec le genre de New Musette. Sa musique irrigue la création française depuis plus de 40 ans, et bien des chefs d’œuvre du cinéma et de la chanson française sonneraient différemment sans lui…
    Avant de faire le grand écart entre Les Quatre Saisons de Vivaldi et le tango argentin pour son concert au Théâtre des Champs-Elysées le 9 novembre prochain, Richard Galliano a trouvé le temps, entre deux trains et trois avions, de nous raconter ses rares moments de liberté dans son Sud natal.

    Au saut du lit, vous…

    Je n’ai pas de dimanches, il y a même des moments où je ne sais pas quel jour on est! Je suis tout le temps en avion, en train ou en voiture… Alors, les vacances, c’est rester à la maison. Si je suis dans le Sud, la première chose que je fais le matin, c’est aller faire un tour en ville ou dans Le Rouret où j’habite.

    Une chose que vous ne faites jamais le dimanche ?

    Il ne faut pas que l’on me dise « on va être en retard », ça me met dans une colère terrible ! Pas de contraintes. J’essaye de traîner un peu plus au lit, d’oublier les horaires, c’est un besoin de respirer, de manger…

    Une couleur, une odeur, un son ?

    La couleur, c’est le bleu, bien sûr; l’odeur, celle qui m’a marqué depuis l’enfance, c’est la lavande, et pour le son, j’hésite entre la mer et les cigales… J’ai vécu 40 ans à Paris et le Sud m’a beaucoup manqué… A une époque, je me souviens avoir enregistré le son des cigales et de la mer pour les réécouter une fois de retour à Paris.

    Une lecture du dimanche ?

    Tous les musiciens disent que les voyages, c’est difficile, mais il faut relativiser ! Ça permet de lire. J’ai relu récemment un livre de Laurent Gaudé, Cris, qui parle de la guerre de 14, de l’angoisse dans les tranchées… Il y a des livres où je décroche à la 3e page, mais avec Gaudé, on est pris dans l’histoire ! Sinon, il y a Giono, par exemple. J’aime bien les biographies aussi, le dernier livre de Depardieu m’a fait beaucoup rire… J’ai eu l’occasion de travailler avec lui lorsque j’accompagnais Barbara pour Lily Passion. C’est un type très attachant, accessible… un peu comme moi, même si les apparences ne sont pas évocatrices !

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    Richard Galliano : « Une photo que j’aime beaucoup de Duke Ellington jouant de l’accordéon…»

    La musique du dimanche ?

    Pour être sincère, je suis tellement, comme beaucoup de musiciens, drogué de musique que souvent, même si je suis en vacances, je vais prendre mon instrument. Il faudrait que je me force pour arrêter de faire de la musique. Mon réflexe, c’est la musique, mon hobby, c’est la musique, et mon métier aussi.

    Si dimanche était un tableau ?

    C’est un peu comme la musique de Debussy, je pense à tout ce qui est impressionniste, notamment à la peinture de Monet. J’y suis très sensible, ce sont les deux artistes qui me touchent le plus. Debussy a pu être agressif, mais dans sa musique, il y a  une quiétude, une recherche d’harmonie… ce sont des artistes qui me font beaucoup de bien.

    La cuisine du dimanche ?

    Ah ça, non !  Ma femme est une très bonne cuisinière, ma mère aussi, et ça ne me vient jamais à l’idée de faire la cuisine. J’aimerais en faire, mais je n’en éprouve pas le besoin… et je n’en ai pas le temps. Je me retrouve rarement seul à la maison, et alors, ça se limite à deux œufs au plat, des pâtes… Je suis un peu impatient par rapport à ça, j’ai du mal à ralentir le temps. Ce serait une thérapie que de faire de la cuisine ! Peut-être plus tard. Et, parmi les plats de ma famille, il y a les beignets de fleur de courgette dans le sud, et tout ce qui vient de l’Italie, les raviolis, les pâtes…

    Famille ou amis ?

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    Richard Galliano avec sa petite fille Lili © Richard Galliano

    Comme j’en suis privé assez souvent, lorsque j’en ai la possibilité, je me consacre à 100% à ma famille, qui habite dans la région de Grasse. Je suis amoureux de ma petite fille qui a 4 ans et demi. Dans sa chambre, elle est fière de montrer mes derniers disques. Elle est très musicienne, elle se met au piano, elle improvise déjà – un genre de rap qu’on peut faire à 4 ans, elle raconte tout ce qui lui passe par la tête, il y a des choses assez intéressantes !

    Chez vous ou ailleurs ?

    Les voyages ne me font plus rêver du tout ! On me dit « ah, c’est magnifique, tu vas au Brésil… » Mais, à dire vrai, si les choses s’annulent, souvent, ça m’enlève une épine du pied ! Après, quand je suis sur scène, c’est autre chose. Au Brésil, justement, je viens de faire un concert caritatif pour des enfants atteints de cancer, là, c’est une autre dimension… Et cette matinée pour les enfants au Théâtre des Champs-Elysées aussi, c’est un autre challenge, de les intéresser, de leur faire plaisir…

    Le cinéma du dimanche ?

    Je vais rarement au cinéma ; j’aime plutôt revoir les films que j’ai aimés : comme, il n’y a pas longtemps, Je vais craquer : c’est un film des années 80 avec Anémone, Christian Clavier, c’est très drôle. J’aime les films avec Gabin, Bourvil… Je ne suis pas réac, mais j’ai la nostalgie de cette époque-là, de cette musique aussi. Bourvil joue et chante, il a une telle… il me fait rire. J’ai une tendresse pour ces acteurs, ils sont restés vivants par l’émotion qu’ils provoquent encore aujourd’hui. J’ai aussi une profonde admiration pour Isabelle Adjani qui m’émeut au plus profond de moi : je viens de voir une interview sur Arte qui m’a bouleversé. Elle est magnifique dans tous les films qu’elle a tournés : L’été meurtrier , La Reine Margot , Camille Claudel…  Une très grande actrice , elle incarne ma définition de l’Artiste … rare .

    Un souvenir d’enfance du dimanche ?

    Ça a un rapport avec la musique: j’étais tout enfant, je jouais déjà de l’accordéon, un instrument qui n’appartenait ni au jazz, ni à la musique classique, et à ce moment-là il y avait des marins américains en rade à Cannes. Et au festival de Nice, ils ont joué en big band où, à la place du piano, le pianiste jouait de l’accordéon ! Cette sortie du dimanche en famille a été un vrai choc pour moi, de voir un marin américain jouer de l’accordéon comme ça…

    Un dimanche de rêve ?

    Une journée avec mes petits-enfants et leurs amis à la plage, partager avec eux, être là. Je vais avoir 64 ans en décembre, mais, quelque part dans ma tête,  j’ai toujours les mêmes émotions, les mêmes envies que lorsque j’étais enfant. 12-13 ans, ce n’est pas si éloigné de moi. J’utilise toujours l’instrument que ma grand-mère m’a offert lorsque j’avais 12 ans, j’éprouve toujours les émotions, les choses que j’ai aimées dans l’enfance et dans le début de adolescence : je reste dans la même dynamique. Lorsque Barbara chante Mon enfance, c’est quelque chose de très dur – mais pour moi, non, c’est une manière de ne pas perdre pied, de garder les mêmes repères.

    Photo article : Alix Laveau