Jean-Louis Martinoty, une légende au Théâtre des Champs-Elysées
Jean-Louis Martinoty s’est éteint le 26 janvier
Essayiste, journaliste, metteur en scène, un temps administrateur de l’Opéra de Paris, grand érudit et à la courtoisie « gourmande », il était un familier depuis fort longtemps du Théâtre des Champs-Elysées.
Sa première venue remonte au début des années 80 alors qu’il assistait le metteur en scène Jean-Pierre Ponnelle pour la trilogie Mozart-Da Ponte donnée en complicité avec le chef Daniel Barenboïm. En 1989, le Théâtre présente son Chevalier à la rose de Strauss réalisé pour l’Opéra de Paris et dans des décors tout en miroirs imaginés par Hans Schavernoch. Ce dernier l’accompagnera dans presque toutes les productions qu’il signera par la suite.
Jean-Louis Martinoty a abordé à la scène un répertoire très large, mais si Mozart joua un grand rôle dans son parcours, il fut également l’un des artisans du renouveau baroque. Avenue Montaigne, il réalisa une mythique Alceste de Lully en 1991 aux côtés de Jean-Claude Malgoire, une production qui reste dans l’histoire de la scène baroque le pendant de l’Atys de l’Opéra-Comique. Ces deux spectacles formèrent en effet le détonateur de ce qui allait devenir la « vague baroque » pour les trente ans à venir. Il reviendra à Lully en 2008 avec une classique et majestueuse Thésée. Entre temps, il nous aura donné à voir la rare Argia de Cesti à l’automne 1999 (production marquant les débuts de Dominique Meyer à la direction du Théâtre et ceux d’une longue collaboration avec René Jacobs) puis l’époustouflant Opera Seria de Gassmann au printemps 2003, un bijou d’intelligence dramaturgique. Il y eut aussi en 2007 Pelléas et Mélisande de Debussy avec Bernard Haitink en fosse et à cette occasion la première Mélisande de Magdalena Kožená.
Mais sa « grande affaire » au Théâtre fut l’aventure des Noces de Figaro dont la première en octobre 2001 allait être suivie de trois reprises au cours de sept saisons qui suivirent avant de connaître un nouveau destin à la Staatsoper de Vienne. Tant de souvenirs… Les premières comtesses de Véronique Gens et Veronica Cangemi, les malicieuses Suzanne de Patricia Ciofi et Olga Peretyatko, l’élégance de Pietro Spagnoli en comte, les Cherubino d’Anna Bonitatibus et Angelika Kirchschlager, le Basilio de Jean-Paul Fouchécourt…
Jean-Louis Martinoty aimait profondément le monde de l’opéra, tant ses interprètes que tous ceux qui dans l’ombre, à l’arrière des plateaux ou dans les cintres, participent à ces aventures. Il fut ainsi un brillant « capitaine » à la barre de quelques-unes des plus belles expéditions lyriques dans l’histoire récente du Théâtre.