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    Calendrier

    Portrait de ville – le Erevan de Varduhi Abrahamyan

    La mezzo-soprano Varduhi Abrahamyan retourne au TCE pour la Missa Solemnis de Beethoven en avril 2020. Son timbre divin, sa gentillesse et son dévouement en font une interprète et une collègue précieuse. Elle nous livre ici la source de son énergie et de son inspiration – un portrait de la capitale de l’Arménie.

    Plutôt fille de Erevan ou fille de Marseille ?

    J’ai passé exactement le même nombre d’années à Erevan qu’en France… Même si j’habite à Marseille aujourd’hui, j’y passe finalement très peu de temps. A Paris, on dit que je suis marseillaise, à Marseille, que je suis arménienne et en Arménie, française !

    Premier souvenir à Erevan ?

    La maison de mes parents où j’ai grandi, dans le quartier près de l’opéra, de mon école de musique et du conservatoire où j’ai étudié.

    L’Opéra de Erevan, construit en 1933

    Y retournez-vous encore ?

    Durant les vacances d’été, si je n’ai pas de spectacles et quand mes proches me manquent car ils habitent tous là-bas! Les chanteurs passent tellement de temps à travailler qu’il ne faut pas oublier qu’on a une famille et que c’est vraiment important. J’y vais pour me ressourcer, c’est ce qui me donne l’énergie pour aller sur scène.

    Reconnaissez-vous les lieux de votre enfance aujourd’hui ?

    Ma mère habite toujours dans la maison de mon enfance. J’ai la même chambre, et nos voisins m’ont vu grandir. Vous savez, en Arménie, le contact avec les voisins est très chaleureux, amical! On se fait confiance, on peut leur confier les enfants, les clés de la maison…

    Les rues que j’adore, Abovyan et Sayat-Nova, ont beaucoup changé, mais je les regarde toujours avec mes yeux d’enfant.

    rue Abovyan

    Un son, une couleur, une odeur qui vous évoquent Erevan ?

    L’odeur du pain arménien, le lavach. Et, sur les étals colorés du marché, les odeurs envoûtantes des fruits et légumes, du basilic pourpre, de la coriandre…

    Une couleur- le vert. Les arbres et les plantes sont verts, mais d’une nuance différente qui me fait penser à la chaleur et à l’été.

    Un son mélancolique- un peu comme le son du vent dans les arbres et celui du doudouk (instrument arménien millénaire).

    Lavach, préparation en trois étapes

    Un bout de Erevan en France ?

    Cathédrale Apostolique Arménienne des Saints Traducteurs, avenue Prado à Marseille

    Il y a onze églises arméniennes à Marseille! Le dimanche, si je suis en ville, je chante à l’église arménienne du Prado pour me faire plaisir, c’est un genre de méditation pour moi.

    Mais sinon, quelques amis et la langue arménienne. Dans ma famille, on parle arménien à la maison et français à l’extérieur. Même si mes enfants parlent le français quotidiennement, quand on retourne en Arménie, ils sont bien obligés de parler arménien pour communiquer avec la famille!

    Un été, nous étions à Pesaro – moi, comme toujours, pour travailler, et les enfants en vacances, 20 jours au bord de la mer. Et puis, une fois rentrés à Marseille, mon fils, qui était encore petit, m’a dit “Quel dommage, cette année, on n’a pas pu partir en vacances!” Les vacances pour lui, c’était l’Arménie.

    Ce qui vous manque lorsque vous n’êtes pas à Erevan ?

    La présence de mon entourage, l’ambiance, les balades en ville entre amis, les rencontres avec les gens, et la culture.

    Quelle est l’occupation préférée des habitants de Erevan ?

    Vernissage (c) Christian Goupi pour M le magazine du Monde

    Il y a un lieu qui s’appelle le Vernissage, où des artistes et des artisans exposent et vendent leurs créations – des tableaux, des bijoux, des objets en fer forgé, des tapis fait main… certains font de la musique, d’autres jouent aux échecs… On y va ne serait-ce que pour regarder, s’imprégner de l’ambiance.
    On peut passer des heures en terrasse un café à la main, on partage des repas avec les amis, avec de la musique et de la danse. Et on se promène le soir en famille, toutes générations confondues, dans les rues et dans les parcs.

    La plus belle saison à Erevan ?

    Toutes sont belles, même si, en hiver, il peut faire vraiment froid – l’hiver dernier, il faisait -20C° et il a beaucoup neigé.

    J’adore le réveillon du Nouvel An. On le fête à la maison et après minuit, on va rendre visite à nos proches. Cela dure pendant une semaine voire plus! Chaque famille prépare le traditionnel rôti de porc aux herbes cuit au four ou dans le tondir (four traditionnel), des dolmas, des desserts…

    Un plat qu’on ne réussit qu’à Erevan ?

    Tanapur (prononcez ” tanapour “, ndlr) ! C’est une soupe à base de yaourt – je vous donne la recette! Je me le prépare souvent lorsque je suis en tournée – et vu la quantité que je fais, j’en ai pour deux jours! Chez les Arméniens, on prépare en grande quantité, on n’aime pas manquer de nourriture…

    Une mélodie qui représente bien Erevan ?

    Le chant est important. Dans chaque famille, que l’enfant le veuille ou non, il doit aller à l’école de musique, juste pour apprendre à jouer d’un instrument. La musique est très présente à toutes les occasions. Les gens aiment beaucoup l’opéra, aussi. Curieusement, je n’ai jamais chanté à l’Opéra de Erevan !

    Comment est-ce possible ?

    Je suis venue pour la première fois à Marseille en 1999 chez ma marraine, et ça m’a beaucoup plu! En tant que touriste, on voit tout en rose, surtout en été, avec la mer… Alors, l’année suivante, j’ai obtenu mon diplôme au Conservatoire de Erevan et j’ai intégré celui de Marseille. Une fois diplômée, j’ai commencé à chercher du travail. Beaucoup d’auditions, des voyages en train de nuit…

    Isabel Leonard (Sesto) et Varduhi Abrahamyan (Cornelia) dans Giulio Cesare mis en scène par Laurent Pelly à l’Opéra Garnier en 2011. © OnP

    Quand j’y repense, ça me fais un peu sourire, mais c’était très difficile.
    Et un jour, mon premier contrat à l’Opéra Bastille – Maddalena dans Rigoletto (en 2009, ndlr). J’étais si heureuse! On ne sait jamais quelle porte on doit pousser pour que s’ouvre la suivante. Et ce rôle m’a ouvert beaucoup de portes. Maintenant que je regarde le parcours que j’ai fait – et celui que je dois encore faire – je me dit “J’ai fait ça ? Je suis passée par là?“.

    J’ai rencontré des personnes formidables. En 2013, mon papa est décédé une semaine avant la reprise de Jules César à Garnier. Je voulais tout annuler. Ma mère m’a dit “Tu vas chanter pour ton père qui ne t’a jamais entendue“. Puis les participants du cast se sont réunis autour de moi et cela m’a donné une force incroyable. Une fois les représentations terminées et rentrée chez moi, je ne savais pas comment j’avais fait cela.

    Qui a le mieux décrit Erevan ?

    Ce que j’aime beaucoup, ce sont les anciennes chansons folkloriques qui racontent la Erevan qu’ont connue mes parents. C’est aussi ce que je vois sur les vieilles photos en noir et blanc. C’était une autre atmosphère.

    Il y a un enregistrement que j’écoute souvent, quand l’Arménie me manque.

    https://www.youtube.com/watch?v=gSJIbm1h0xw
    Yerevan, ce n’est pas seulement les monuments ou les bâtiments – c’est la poussière, les pierres, le bon, le mauvais… tout est dans ces chansons.

    Vos prochains stops cette saison ?

    Le TCE – Atlanta – Hong Kong – quelques jours à Marseille – Zurich…

    Retournerez-vous vivre à Erevan un jour ?

    Ah oui ! Dans mon cœur, il y a deux pays – l’Arménie et la France. Alors, une fois à la retraite, je passerai peut-être six mois en Arménie, l’été, et l’hiver en France.

    A lire également:
    Une visite de Erevan avec Le Monde

    Missa Solemnis

    Le 22 avril 2020

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    (cet article a été publié pour la première fois le 6 mars 2018)