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    Thaïs ou la pécheresse repentie

    A l’instar de tous les destins hors du commun, celui des femmes fatales et des courtisanes couvertes d’opprobre fascine tout autant que celui des saintes et des vierges martyres. La vie que l’on prête à Thaïs possède les ingrédients incontournables d’un passage à la postérité : dépravation, scandale, repentir et rédemption ! Retour sur la légende étonnante d’une femme qui inspira Anatole France et Jules Massenet

    Une hétaïre cartomancienne

    La vie de Sainte Thaïs nous est parvenue par l’intermédiaire de différents ouvrages : tout d’abord dans le Ménologe, compilation des traditions de l’Orient chrétien, puis dans deux récits en latin datant des XIIe et XIIIe siècles : on doit le premier à Marbode, évêque de Rennes, et le second à Jacques de Voragine.


    Jean-Léon Gérôme (1824-1904) – Phryné devant l’Aéropage (1861) – DR

    Selon plusieurs sources, Thaïs est une jeune courtisane égyptienne qui vécut à Alexandrie au IVe siècle après J. C.  D’une très grande beauté, tout comme sa contemporaine Phryné, cette pécheresse publique mène une vie dissolue et possède une telle emprise sur les hommes que l’on rapporte plusieurs combats mortels d’amants jaloux sur le pas de sa porte… Nombre de notables se ruinent pour profiter de quelques nuits d’amour. D’autres encore viennent la consulter pour ses dons de voyante. Au fil des années, Thaïs amasse donc une petite fortune, sans que celle-ci la console en aucune manière de la vacuité totale de son existence.

    Un homme peut en cacher un autre

    Alors qu’elle voyage dans le désert, Thaïs croise le chemin d’un ermite dont le physique ne la laisse pas indifférente. Parfaitement consciente de ses charmes, la jeune femme entreprend donc de séduire le jeune homme… ou le vieillard selon les sources ! (c’est dire la perversion de Thaïs…)

    C’est alors que celui-ci dévoile son identité : il se nomme Paphnuce, disciple de Saint Antoine, ermite au Monastère de Pispir et abbé de son état… Thaïs tombe alors en pleurs à ses pieds et lui déclare : « Mon père, je sais ce qu’est la pénitence, et j’espère pouvoir obtenir par vos prières la rémission de mes fautes. Accordez-moi trois heures et ensuite, j’irai partout où vous voudrez, je ferai tout ce que vous m’ordonnerez. »

    Trois années de pénitence

    Antoine Coypel (1661-1722) – Sainte Thaïs en prière dans sa cellule – Château de Versailles

    Thaïs rassemble donc toutes les richesses qu’elles a accumulées et les brûle en public sur une place d’Alexandrie puis se rend à un monastère que lui a indiqué Paphnuce, et celui-ci l’enferme dans une cellule minuscule dont il scelle la porte, ne laissant qu’une étroite croisée pour le passage des aliments.

    Trois années durant, Thaïs vit recluse dans des conditions extrêmes : sans possibiliter de se laver, elle ne reçoit chaque jour qu’un quignon de pain et une toute petite ration d’eau.

    Une délivrance éphémère

    Au bout de ces trois années passées en cellule à prier, Paphnuce va trouver Saint Antoine pour lui demander si Dieu a lavé Thaïs de ses péchés. Ayant reçu sa bénédiction, l’abbé s’achemine rempli de joie vers le monastère, ouvre la porte de la cellule et annonce à Thaïs qu’elle a expié ses péchés et qu’elle est libre. Mais la courtisane repentie refuse de sortir, car elle ressent toujours le poids de ses péchés.

    Paphnuce libérant Thaïs – 2e moitié du XVIIe siècle – Musée du Louvre

    Paphnuce entreprend alors de lui expliquer que le Seigneur ne l’a pas absoute en raison de sa pénitence, mais bien parce qu’elle a depuis toujours connu la crainte de Dieu. Thaïs finit par accepter de sortir de sa geôle ; elle survit une quinzaine de jours et meurt l’âme en paix.


    Affiche de Manuel Orazi pour la création de Thaïs.

    Cette légende de sainte Thaïs est demeurée populaire jusque dans la France du XIXe siècle : Anatole France (qu’on ne lit plus guère aujourd’hui) en a notamment tiré un roman, Thaïs, qui se veut tout à la fois mystique, tragique, philosophique et érudit… avec un soupçon d’eau de rose ! 

    Jules Massenet a transformé cette légende en opéra, créé à l’Opéra de Paris le 16 mars 1894. Ecrit pour la célèbre soprano américaine Sybil Sanderson, muse du compositeur à l’époque, il est surtout connu pour sa célèbre « Méditation » de l’acte II, allègrement massacrée par plusieurs générations de violonistes, arrangée avec plus ou moins de bonheur pour différents instruments, et le plus souvent donnée « hors contexte » (on l’a même jouée pour les obsèques de Johnny Hallyday…)

    Il sera donc intéressant de l’apprécier replacée dans l’écrin de l’opéra entier, où elle prendra certainement toute sa plénitude religieuse, ainsi que l’avait souhaité Massenet lui-même.