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    UN DIMANCHE AVEC… NICOLAS LE RICHE

    Après une Carte Blanche et une participation exceptionnelle à la création de Solaris, Nicolas Le Riche sera de nouveau entre nos murs la saison prochaine pour un nouveau ballet qu’il crée et interprète avec Clairemarie Osta. On retrouve le danseur toujours étoile, le temps d’un café, dans un petit réduit où se croisent les différents « habitants » du Théâtre, musiciens de passage et enfants d’artistes en manque de friandises, dans un brouhaha lointain d’une répétition d’orchestre.

    On évoque ses rares moments de liberté, la couleur du dimanche, l’importance de savoir donner du temps, la recherche de dialogue et de partage, les voyages imaginaires, et… le fonctionnement du cerveau humain.

    Au saut du lit, vous…

    Je vais voir mes filles, qui sont déjà levées à ce moment-là et sont en train de bouquiner… Ce sont toujours des moments agréables et détendus.

    Une chose que vous ne faites jamais le dimanche ?

    J’aurais aimé vous dire « téléphoner », mais ce n’est pas vrai ! (rires) J’aurais aimé vous dire « courir », mais ce n’est pas vrai non plus… Malheureusement, le dimanche, dans ces vies un peu occupées, il n’y a pas grand-chose d’inhabituel.

    Un rituel du dimanche ?

    On peut le dire ainsi. J’aime bien aller chercher le petit-déjeuner à la boulangerie – le dimanche est le seul jour où je peux le faire. Parfois, mes filles m’accompagnent, et c’est là encore un moment de discussions…

    Une couleur, une odeur, un son ?

    Souvent, je me lève un peu plus tard, vers 8 heures. Il y a des matins blancs et des matins dorés, lorsqu’il y a du soleil. J’aime beaucoup ça. L’odeur du café, parce que j’ai le temps de le sentir, de prendre le temps, une tasse à la main… Le son, celui de la musique.

    La musique du dimanche ?

    Le dimanche, j’ai le temps d’écouter de la musique autrement que pour le travail. J’aime beaucoup la musique classique, instrumentale (je peux écouter les variations Goldberg d’un bout à l’autre). J’écoute aussi des émissions radio « à contenu », comme celle de mon ami Guillaume Gallienne, « Ça peut pas faire de mal » sur France Inter. Mais cela peut être aussi de la musique que mes filles ont décidé d’écouter – elles ont leurs goûts, maintenant ! En ce moment elles sont très branchées Michael Jackson. Et avec la chorégraphie ! Elles apprennent toutes seules le moonwalk.

    Le jogging : est-ce un sport ou un vêtement ?

    Je regarde le sport d’une manière lointaine… Quoique j’aime beaucoup la course à pied, le marathon et la natation. Je cours, pas autant que je le souhaiterais, mais c’est magnifique. Les gens qui courent bien, je trouve cela très beau à regarder. J’aime imaginer ce qui peut se passer dans leurs têtes. Vous savez, Steve Jobs faisait ses rendez-vous en marchant, parce qu’il trouvait que sa tête fonctionnait mieux ainsi. La course est l’un de ces moments d’évasion. C’est l’une des sensations que j’aime dans la danse : pouvoir s’y perdre de temps en temps. Que la danse prenne le pas en entier, et que ce soit elle qui guide la pensée.

    La cuisine du dimanche ?

    On fait le marché et on essaye de faire une nouvelle recette chaque semaine – quelque chose qui demande réellement à cuisiner. C’est un moment très convivial, où l’on partage, on s’applique à une tâche tous ensemble… Puis on se retrouve face à l’assiette et on découvre le résultat. On n’est pas toujours couronné de succès ! La dernière recette en date, c’était un osso buco.

    J’aime la cuisine, ou plutôt la science de la cuisine. Au-delà du goût, ce sont des histoires de voyage, ce jeu de dominos où l’on part d’un geste simple et puis, si on le creuse, si on regarde par-delà sa forme, on se rend compte de toute une chaîne derrière qui peut vous faire voyager. A l’inverse, pour un créateur, c’est une chaîne très complexe qui peut vous amener à ce geste premier. Pour mon anniversaire, il n’y a pas si longtemps, je suis allé déjeuner chez Septime, un restaurant que j’aime beaucoup, à la cuisine très raffinée. J’étais très marqué par tout ce mariage de textures.

    Justement, pour la production de Solaris que l’on est en train de répéter, Saburo travaille beaucoup sur des contrastes de textures, cela va de l’extrêmement lié à du très hachuré, et c’est finalement l’alliance de ces textures qui va amener le sens du mouvement. La forme n’est pas sa concentration première : il va chercher des éléments qui vont ensuite induire une forme, et finir par créer cet opéra en tant qu’objet entier. Nous sommes dans un laboratoire géant, et on a hâte de voir le résultat !

    Le cinéma du dimanche ?

    Je peux aller voir un film d’auteur, un documentaire, un film d’action très bien mené, ou un film de divertissement pur… Je suis très spécialisé en films d’enfants, en ce moment ! J’ai un regret sur le cinéma : il y a de moins en moins de personnel d’accueil. C’est vraiment une chose que j’aimais lorsque j’étais enfant : donner le ticket, voire la personne le déchirer, entrer dans la salle, y trouver l’ouvreuse, puis la dame qui vend glaces et bonbons… Tout cela n’existe plus. Pour moi, le cinéma était aussi un moment de partage, qui commençait par l’idée de se sentir invité dans une salle. Aujourd’hui, le personnel d’accueil est de plus en plus remplacé par des machines…

    C’est l’une des raisons pour lesquelles je continue à aller chez mon libraire : je peux y aller pour discuter d’un film que j’ai vu, d’une exposition, il va rebondir sur un détail, et de fil en aiguille me proposer un livre auquel je ne m’attendais pas. C’est le dialogue avec l’autre. Je crois beaucoup en la relation humaine : elle est même au cœur de mon projet artistique. Comment on dialogue, ce que l’on maîtrise et ce que l’on ne maîtrise pas, ce que vous donnez et ce que vous recevez…

    Un souvenir d’enfance du dimanche ?

    Des souvenirs de week-end, avec mon père lisant le journal… et des instants très privilégiés avec ma mère qui mettait de la musique et nous demandait de dessiner. J’ai le souvenir, par exemple, de Pierre et le loup : Gérard Philipe récitant la mort du loup. Subitement, c’était un moment qui était presque religieux, dans le sens où c’était un moment posé, avec une grande disponibilité des uns pour les autres.  Et autour, des odeurs de thé, des vapeurs liées probablement au repassage… désolé, c’est un peu cliché !

    Si dimanche était un tableau ?

    Ah, j’ai une anecdote à vous raconter sur un tableau. J’aime beaucoup la peinture, qu’elle soit figurative ou conceptuelle ; et notamment Ruben Alterio, un peintre argentin qui vit en France et qui est un ami. Je me souviens du premier tableau que je lui ai acheté. Il fait de très grands tableaux. Quand on me l’a livré à la maison, je l’ai déballé, l’ai posé à terre, l’ai regardé… et me suis rendu compte que 4 heures s’étaient passées. J’avais voyagé pendant 4 heures face à ce tableau !

     
    Peinture sur toile - RUBEN ALTERIO

    Peinture sur toile – RUBEN ALTERIO

     

    Le blues du dimanche soir ?

    Mes enfants, eux, l’ont ! De mon côté, si je sais que j’aborde une semaine chargée, je me projette déjà dans ce qui va se passer… Je n’ai pas de méthode pour gérer cela : je ne suis pas calculateur dans ma façon de gérer mes émotions. Lorsqu’elles surgissent, j’aime bien les expérimenter, quelles qu’elles soient.

    Un dimanche de rêve ?

    Une promenade dans les bois, un moment pour prendre un thé au coin du feu, avoir le temps de lire et d’écouter de la musique, faire un jeu de société avec mes enfants. Ces moments très quotidiens sont des lieux d’échange très riches. Tout ce qu’on se dit dans ces moments-là est très important ; ce sont des échanges essentiels. Se retrouver pour passer ce temps-là, c’est se dire qu’on a envie de le passer ensemble, faire un pas vers l’autre, vers l’écoute… se dire qu’on a des choses à apprendre les uns des autres.

    Je me rends compte que j’en parle beaucoup, car mes filles sont parties en vacances et je suis tout seul à bosser ici ! (il éclate de rire) Mes filles m’ont appris très tôt qu’il y avait des choses capitales dans la vie. Elles m’ont permis de réajuster certaines valeurs. Lorsqu’on fait un travail comme le mien, assez centré, qui est captivant, passionnant… on peut se méprendre sur toute cette échelle de valeurs, parce que lorsque vous rentrez sur scène, vous jouez votre vie. Cette mise en perspective, je crois, est importante.

    Si cette rencontre avait lieu le dimanche, où est-ce que vous m’auriez donné le rendez-vous ?

    Dans un salon de thé. L’idée de se mettre autour d’une table, qui a été préparée pour cet échange, c’est un moment en soi, qui n’est pas diffus mais centré autour d’un sujet.

    Avec ces petites choses-là, que j’adore (il agite son smartphone), je pense qu’il est important de redonner la puissance au moment : il peut se dissiper très vite. Je fais un tas de projets en ce moment, et je me rends compte que l’on a besoin d’avoir un moment pour se recentrer, être disponible. Il y a eu un article très intéressant dans Le Monde il y a quelques jours : il semblerait que le cerveau soit modelé pour ne se concentrer que sur un seul sujet en même temps. Intéressant, à l’heure du multitasking !

    Photos à la une : Nicolas Le Riche et  Clairemarie Osta © Jean-Philippe Raibaud